Bev Ealy ∴ Everyone listens to me, no matter how dumb my suggestions are

Bev Ealy est une jeune femme dont le physique contraste presque totalement avec sa véritable fonction. Elle, la petite demoiselle, aux cheveux verts, aux vestes à fleurs, avec ses joues rondes et son grand regard bleu. Difficile de la voir sur le siège d’un pilote et pourtant, c’est ce qu’elle est. Elle ne se plie aux exigences de l’uniforme uniquement s’il s’agit d’un ordre capital. Sinon, nous dirons simplement que son esprit de contradiction est plus fort.

Ce n’est pas une personne qui a profondément foi en un système politique plus qu’un autre. La République, puis l’Empire, puis la Nouvelle République, puis le Premier Ordre… Ce sont tous les mêmes, mais ils ne portent pas les mêmes couleurs. Pour ceux qui ne sont rien, juste des grains de sable, tout ça ne veut absolument rien dire. Cela dit, Bev tire une grande satisfaction à l’idée d’emmerder le système actuel. Faire partie de la gigantesque épine qui vient se planter dans son pied ! Juste pour y voir combien elle peut exister dans ce monde de petites miettes. Et puis on ne va pas se mentir : à force de se former ici, elle a pris goût aux choses qui explosent.

Elle n’est pas pilote depuis sa prime jeunesse, n’ayant appris les rudiments que quand elle s’est engagée dans la Résistance, à l’âge de treize ans. Malgré tout, elle apprend à une vitesse très remarquable, et comble ses lacunes en trois fois moins de temps que ses camarades apprentis. Faisant preuve d’une agilité et d’une souplesse d’esprit rare pour son âge, ses aptitudes la placent parfois en marge. Ce n’est pas comme si elle était un élément qu’on pouvait placer facilement dans un schéma stratégique collectif. Et comme si cela ne suffisait pas, elle adore fanfaronner, être fière d’être une des pilotes les plus jeunes de son escadron… si ce n’est la plus jeune.

Très opiniâtre et têtue, elle croit dur comme fer aux théories du complot. Évidemment que Dark Vador n’est pas mort et qu’un clone gouverne à sa place, dans l’ombre ! Sinon comment expliquer la dévotion de Kylo Ren ? D’ailleurs, l’Empereur lui-même fait partie des Chevaliers de Ren, pour superviser la construction d’une nouvelle arme encore plus destructrice que toutes celles qu’on a déjà vues, écrasant de loin Starkiller. D’ailleurs puisqu’on est sur le terrain, les Jedi n’ont jamais existé. La Force n’est qu’un système électronique très élaboré qui permet à son utilisateur de contrôler certains champs, donnant l’illusion de déplacer des objets par la pensée. Pourquoi est-ce qu’ils se cacheraient sous des capes, sinon ?

Et tant qu’à faire, évitez de jouer aux cartes ou à d’autres jeux avec elle : elle a tendance à tricher. En fait, elle triche tout le temps ! Le plaisir de gagner certainement, et elle tire également une certaine fierté dans l’acte. Ses supérieurs détestent ça, bien évidemment ! Cela donne une mauvaise image de l’escadron, mais pour Bev, c’est surtout la preuve qu’ils sont jaloux de ne pas être aussi doués qu’elle, et qu’ils doivent recourir aux banales règles pour gagner. C’est triste, n’est-ce pas ?

Il y a peu de choses qu’elle prend véritablement au sérieux, ou bien elle le cache vraiment très bien derrière ses plaisanteries et ses petits rires. Cependant il y a une chose avec laquelle elle ne rigole presque jamais, il s’agit bien du sacrifice. Un acte de grande lâcheté, évidemment. Un acte qui lui a retiré ses deux parents, un acte qui l’a forcée à partir au loin. Ici, beaucoup en parlent comme d’un acte noble et héroïque, ah les imbéciles… Les héros ne sont rien d’autre que des lâches ou des meurtriers.

Est-ce que vous avez déjà essayé de vivre une vie tranquille de citoyenne lambda, sans histoire, sur une planète dirigée par la loi martiale du Premier Ordre ? Hm, je suppose que oui, c’est le genre de bagage qu’ont tous les citoyens lambda sans histoire aujourd’hui. Des soldats dans chaque rue, des couvre-feux à vingt heures, des impôts, des dénonciations. Oh oui, beaucoup de dénonciations. Je me souviens très bien m’être réveillée un matin, et entendre les autorités chez les voisins, se battre jusqu’à ce que quelques soldats sortent de la maison avec monsieur Hack. Il était gentil, mais apparemment il aidait les Résistants. Quelqu’un l’avait dénoncé. Le pire, c’était que ce moment ne m’avait fait ni chaud ni froid… ce n’était pas comme si la Résistance avait beaucoup de valeur aux yeux de ma famille.

Des anarchistes, des nobles âmes qui pourtant ne faisaient pas grand-chose.

Certes, on ne pouvait pas sauver tout le monde, mais à nos yeux, notre vie serait bien plus tranquille si la Résistance n’existait tout simplement pas. Au moins il n’y aurait pas ce sentiment d’insécurité dans les rues, et on n’aurait pas peur de nos voisins. On serait tous dans la même galère, à essayer de survivre avec les miettes laissées par le Premier Ordre !

Malgré tout, vous savez… Certaines choses arrivent dans la vie. Parfois plus vite qu’on ne le pense d’ailleurs. On raconte des choses, et de plus en plus d’arrestations se font. Il faut dire aussi que de plus en plus de gens sont motivés pour s’engager dans le camp adverse. On dit qu’il y a de l’espoir, que quelque chose revient. Même mon père commence peu à peu à y croire. Il écoute la radio un petit peu plus que d’habitude, le regard fixé sur le holo de ma mère. Résistante qu’elle était, dénoncée, emprisonnée, torturée et exécutée. Une histoire plus rapide qu’elle n’y paraît, et aussi banale que n’importe quoi ici. Et je ne m’en souviens que trop peu : j’étais si jeune.

Et puis, du jour au lendemain, mon père m’a prise, moi et mon frère Janek, de six ans mon aîné, et nous a placés dans un cargo clandestin en départ de la planète. Nous n’étions pas les seuls ici, serrés entre les caisses de matériel et de marchandise : des dizaines d’entre nous étaient entreposés, effrayés et silencieux. J’étais petite, je n’avais même pas encore dix ans, mais je me souviens très bien de ce moment. Et mon frère qui me chuchotait des mots pour me rassurer, en tremblant… C’était peut-être idiot, mais je n’avais pas besoin d’être réconfortée. Je me sentais… bien. Pas même inquiète ni triste. J’avais juste hâte de sortir de ce vaisseau qui commençait à puer. Le voyage dura bien plusieurs jours, on ne mangeait pas à chaque repas, mais finalement on arriva à un endroit sûr, une planète à l’abri du Premier Ordre. Brentaal IV. En soit, ce n’était pas très accueillant. Arrivés en toute illégalité, on nous a parqués dans des bidonvilles tandis que ceux qui pouvaient travailler étaient envoyés dans des mines. Pour survivre. Toujours survivre. Mon frère et moi, nous ne travaillions pas au même endroit, et ne faisions pas les mêmes choses… Mais on se retrouvait tous les soirs, et on était aussi sales et épuisés l’un que l’autre. Quand j’allais me coucher, il lui restait toujours des choses à faire… Et les jours passent, rapidement. On a commencé à bien s’entendre avec notre entourage, qui trime tout autant que nous. De nouveaux arrivants de chez nous nous ont appris l’exécution de mon père. Lui aussi, était devenu un résistant. Pas pour longtemps, cela dit… Nous étions seuls, mon frère et moi. Maintenant, ça ne faisait plus aucun doute. Mais c’était aussi à cette époque que j’ai entendu parler de la Résistance, comme quoi certains membres venaient recruter par ici. Des soldats, des mécanos, même des petits jeunes sans avenir.

Je ne sais pas ce qui m’a pris. Mais je suis allée voir l’un d’entre eux, et je me suis engagée. Un geste stupide et spontané, vraiment ! Je n’avais aucune fichue raison d’y aller, et même mon frère était contre. Peut-être que j’étais possédée. Peut-être que mes parents ont guidé mon geste. Toujours est-il que je l’ai regretté dès que je suis partie avec eux. Dans quoi tu t’étais embarquée, Bev ? Je n’avais que treize ans, je n’étais même pas la plus jeune, mais cela ne faisait aucun doute que j’étais la moins motivée du lot. Certains étaient si fiers… si déterminés !

Alors commença ma formation sur Baroonda. Plusieurs corps de métier s’étaient présentés à nous, mais je me suis simplement dirigée vers celui qui me parlait le plus. Ce n’était pas comme si moi, avec mes petites épaules, j’avais envie de me retrouver en première ligne ! Et puis à force d’essais, je me suis rendue compte que je n’étais pas mauvaise aux commandes d’un vaisseau. Ce n’était pas une simple machine, il y avait… un vrai contact entre le pilote et le véhicule. Je comprends un peu mieux les gens qui disent que piloter, c’est un petit peu comme tomber amoureux. Ça n’en reste pas moins bizarre, mais je ne pouvais pas décemment dire que c’était n’importe quoi. Comme la soit-disant destruction de l’Étoile de la Mort en l’an 0. Allons, c’est évident qu’il s’agissait d’une réplique !

De fil en aiguille, à force d’entrainement, de formations, de discours interminables sur le Premier Ordre et la nécessité de combattre cette tyrannie, je crois que mes capacités sont de plus en plus respectées. Je ne suis plus seulement une apprentie, mais une vraie pilote, et j’ai intégré l’escadron Green sous les ordres d’une certaine Tallie Lintra. Pour l’occasion je vais me faire teindre les cheveux, tiens !