Transaction difficile • Diana

Le contrat était plutôt difficile, Ethel l'avait toujours su. Mais elle avait eu l'orgueil de se dire qu'après tout, elle ne s'était jamais faite attrapée, qu'elle était plutôt bonne à ce jeu et que ça réussite lui vaudrait un paquet de crédit, qui la laisserait en paix pour un certain temps. Non pas que son boulot ne lui plaisait pas, il lui donnait toute l'adrénaline dont elle avait besoin. Seulement voilà, elle avait parfois l'impression que sa vie méritait mieux ou du moins, autre chose, quelque chose sur lequel elle n'avait pas encore réussi à mettre le doigt dessus. Mais comme à son habitude, les questions étaient remises à plus tard, bien au fond de sa tête et la vie continuait d'avancer. C'était la conclusion de sa réflexion tandis qu'elle tombait lourdement dans son cockpit, allumant tous les voyants avant de sortir de son hangar pour le lieu de rendez-vous. Corellia était une planète plutôt importante de la Galaxie et qui disait importante disait peuplée et donc dangereux. déjà là on pouvait sentir la faille dans le plan... Mais enfin bon.

Elle avait déposé son vaisseau non loin du "second" hangar, un espèce d'endroit de type souk qui revendait parfois des morceaux de vaisseaux et d'armes du Premier Ordre sous le manteau. Des bien passe-partout mais très cher et difficilement trouvable maintenant que le Premier Ordre avait assez d'emprise pour empêcher à la Résistance de se restaurer. C'était tout ce qui faisait désormais ses affaires. Elle enroula un fichu autour de sa tête et son visage pour éviter qu'on la reconnaisse et se dirigea avec son packetage vers la personne qu'on lui avait désigné. Sans un mot, elle balança à ses pieds un énorme sac qui serait bientôt plein tandis qu'elle jettait autour d'elle des regards furtif, la maison sur le pistolet laser qu'elle avait confectionné. Une fois le sac plein, elle donna ce que la Résistance lui avait confié en échange des pièces et se dirigea de nouveau vers son vaisseau. C'était calme... beaucoup trop calme et beaucoup trop simple. Elle n'aimait pas vraiment ça mais enfin bon, il fallait bien repartir.

Ce n'est qu'en passant la stratosphère qu'elle les vit enfin. Deux chasseurs TIE du Premier Ordre qui la prenait en chasse.

- Nom d'un Porg !!

Serrant les machoîres, elle vira de bord et accélera l'allure. Il fallait ruser, réussir à les semer par cache-cache car même si son seul ami en avant dans le ventre, il n'avait tout de même pas la puissance de ces deux trucs là... Pendant qu'elle replongeait vers la planète et plus précisément ses forêts, elle pianota sur son transmetteur le code d'urgence que ses clients lui avaient donné. Elle avait besoin de quelqu'un sur le champ... elle n'était même pas certaine de parvenir à attendre les renf... L'explosion du TIE à sa droite la surpris et elle piqua net pour éviter toutes les secousses engendrées par l'explosion.

- Bordel, c'était quoi ça ?

Regardant à travers ses écrans, elle constata qu'un vaisseau la suivait de prêt, tirant sur le second TIE... la Résistance... ça c'était de l'efficacité ! Estimant qu'il était temps de dégager de là, Ethel repris de l'altitude pour sortir de la périphérie de la planète et retourner en orbite. Le TIE l'avait suivit mais quelques minutes après, il subit les mêmes dégâts que son collègue. Regardant par sa paroi de verre, elle constata qu'une blonde lui faisait un signe de salut et l'invitait à reprendre sa trajectoire. Pour toute réponse, elle hocha la tête et accéléra droit vers sa destination. Le Premier Ordre ne tarderait pas à envoyer d'autres agents comprendre ce qui venait de se passer.
Arriver à destination, Ethel sauta hors de son vaisseau tandis que sa sauveuse faisait atterir le sien. Lorsque la coque du cockpit s'ouvrir, elle lui balança le sac au sol et avant même que la blonde eu le temps de sortir de son habitacle, elle lui lança :

- T'aurais pas pu arriver aussi vite après mon signal... tu me suivais ou quoi ?

Si elle la suivait, pourquoi alors faire appel à elle ? Pourquoi ne pas récupérer la marchandise directement. On se foutait d'elle ?

Diana se moquait mais gentillement, Ethel en avait bien conscience. Pour toute réponse, elle lui lança un regard noir avant de déglutir, bien consciente qu'elle était loin de bien se comporter. Qu'elle le veuille ou non, la rebelle venait de lui sauver la mise et la vie de surcroît et ça, ça voulait dire qu'elle lui en devait une. Si sa mère aurait vu ça, elle auriat sans doute hurler de rage. Ne rien devoir à personne et ne jamais se faire choper étaient les deux crédos qui avaient bercés la fin de son adolescence et malheureusement pour elle, elle venait de faire une entorse à l'un d'eux. Les bras croisé, le regard toujours au loin, elle l'a laissa lui donner son explication. Il fallait bien avouer qu'elle tenait la route et plutôt bien même. Oui... les Rebelles ne devaient pas passer leurs journées dans le noir à fomanter des plans contre le Nouvel Ordre ou l'Empire Sith, ils devaient les mettre en action aussi et cela n'était peut-être pas trop étonnant qu'elle puisse avoir une mission non loin d'elle.

Elle déglutit devant l'évidence qui s'offrait à elle et reposa les yeux sur la jeune femme qui était descendu de son bolide et s'approchait d'elle, tout en regardant le packetage.

- Tu ferais mieux de vérifier quand même... Je serais pas toujours sympa tu sais.

Elle l'avait regardé sans le moindre sourire avant qu'il ne naisse petit à petit sur son visage et qu'elle éclate de rire. Oui, elle venait de se lancer une pique à elle-même, en mettant en lumière que sa "symapthie" n'était pas très manifeste vu l'accueil qu'elle venait de lui faire, puis un peu gênée, elle passa sa main dans ses cheveux en regardant de nouveau au loin pour faire ses excuses :

- Désolée... j'ai pas étais super cool après ce que tu viens de faire pour moi... C'est juste que j'ai cru que soudainement, la rebellion n'avait plus confiance en moi et qu'on m'avait collé une nounou. C'est pas top ni pour moi, ni pour toi... t'es encore trop jeune pour devenir nounou.

Je lui lançais un nouveau sourire. Elle venait du même endroit que moi. Elle me l'avait dit un jour. Et de là où on venait, les nourrices étaient toujours des femmes vieilles, même dans les histoires. Qu'elles soient gentilles ou méchantes, elles étaient toujours veilles et ça, Diana serait sans doute capable de reconnaître la référence. Un silence s'installa avant qu'elle ne lance à la dérobée :

- Merci. De... de m'avoir sauvé la vie je veux dire.

Elle se râcla la gorge avant de changer de sujet :

- J'vous mets ça où ? Ah et... je vais bien, je continue ma route comme on dit, pour répondre à ta question. Et toi, t'as l'air en forme... la rebellion creuse son trou, c'est ça ?

Elle la regardait à présent droit dans les yeux maintenant que le malaise était dissipé. Elle n'y connaissait pas grand chose en politique, vu tout ce qu'elle s'en foutait mais elle avait l'impression qu'il y avait une récurrence chez les personnes impliquées, quelles que soit leur camp, elles avaient toujours l'air plus en forme et vivifiées après un coup de poker rondement mené. Un lots de Rebelle arrêté pour le Premier Ordre, un ou deux chasseurs TIE explosés pour la Rebellion... Chacun se réjouissant des petite victoires en se gargarisant qu'un jour, ils ne gagneraient plus de batailles mais la guerre dans leur totalité. Ethel, ou plutôt Blake comme elle se faisait appelé dans le milieu, elle qui ne donnait jamais son prénom, n'avait pas spécialement fait de pari sur l'issue du match. Le Premier Ordre avait bien plus de moyens humains et matériels pour gagner mais la rebellion avait une foie inépuisable au combat et la chance qu'un nouvel Empire Sith tentait de reprendre ses droits sur le Premier Ordre alors.. les comptes étaient plutôt serrés.

J'avais hoché la tête d'un geste sec avec un sourire en coin. Si j'avais fait un inventaire ? Elle me prenait pour une débutante pour bien elle tentait de me faire enrager ? Je pariais plus sur la seconde option et je la laissais continuer son inspection en éclatant de rire. J'étais pas douée pour grand chose, il fallait bien que je l'avoue mais ça, je savais faire. C'était plus que mon métier, c'était ma vie, ma porte de sortie pour un monde peut-être meilleur. Quelqu'était le client, le protocole était toujours le même et je le faisais avec minutie et de manière méthodique. 'est qu'il fallait bien avouer que je traîtais pas toujours avec des gens sympa. Diana m'aurait sans doute remonter les bretelles s'il manquait quelque chose, elle m'aurait rappeler l'importance de leur mission ou un truc du genre mais si c'était avec Phasma, ce demeuré de Hux ou je-sais-pas-quel Sith, que je tentais une telle erreur, je ne serais absolument plus de ce monde pour me faire pardonner. En me faisant embaucher par les "méchants", j'avais gagné en rigueur, en professionalisme forcé vu que ces gars-là rigolaient pas. Et ça se répercutait forcément sur mes autres clients. Comme quoi le monde était bien fait, quand même, non ?

Je la laissais remonter sur son vaisseau pour tenter de voir où elle pouvait mettre sa marchandise. C'est vrai que le sac était pas le plus petit ni le plus délicat du monde. En silence, je la laissais y réflechir en paix jusqu'à ce qu'elle me montre une toute petite place dans son cockpit. Regardant la place qui lui restait, je grimaçais.

- Ouais... Tu peux toujours le poser-là... mais tu pourras pratiquement plus tirer si t'as d'autres chasseurs aux fesses, tu le sais ça ?

Je la regardais droit dans les yeux. Non pas que je me souciais de savoir que la Rebellion allait perdre l'une d'entre eux, c'était plutôt que je m'inquiaitais pour Diana. Je l'aimais bien. Elle était un peu la grande soeur que j'avais jamais eu... avec tout ce que ça comportait, les moments sympa comme les moments chiants où elle cherchait à me protéger de moi ou de je sais quelle menace... Ma mère m'avait toujours dit que je n'avais besoin de personne et j'aimais assez cette idée. Ca me faisait moins souffrir d'elle seule, surtout par un temps de guerre comme celui-ci... mais il n'empêchait que j'appréciais cette femme... que ça me plaise ou non.

- Tu veux pas que je le transporte moi ? Jusqu'au repère je veux dire ? Et toi tu m'escorte... comme ça tu peux tirer et le paquet arrive à destination... Bon... ça va coûter plus cher bien sûre.

Je la regardais en levant les mains comme pour lui signifier "c'est pas de ma faute, les affaires sont les affaires". Ben ouais, j'étais pas l'agence de soutien des démunis de Coruscant non plus, je risquais ma vie dans cette hsitoire, fallait bien que je me fasse payer pour... C'étaità elle de voir si elle marchait ou pas... Et pour toute réponse, elle lança la conversation sur mon business.

- Ouais...Ca tourne on ne peut mieux. Les gentils et les méchants se font la guerre depuis des millénaires et ils ont toujours besoin de plus de ressources et moi je les fournis... comment ça pourrait ne pas marcher, pas vrai ?

Je lui lançais un petit sourire triste. C'était peut-être pas la meilleure des choses à dire à une Résitance en soif de justice et de paix mais c'était la triste réalité des choses. Moi j'étais ni la gentille, ni la méchante, je faisais partie de tous ces gens qui étaient au milieu, qui se battaient pour vivre au jour le jour et qui avait fini par comprendre que la guerre était encore la chose la plus rentable qu'il existait de nos jours et si tout cela se finissait un jour... et bien j'aurai sans doute plus de boulot ou moins qu'avant...
J'haussais les épaules en entendant la deuxième partie de la question. C'était tout Diana ça, de me faire réflechir à des choses auquel je ne prêtais aucune attention. "Y'a pas de remords ou de regrets à avoir quand il s'agit de gagner son pain". Maman disiat toujours ça... mais Diana, elle posait des questions plus profondes, des quetsions sur lesquel je ne passais généralement pas de temps.

- Ben... je sais pas moi... ça me fait vivre, alors ça me rends heureuse, non ?

J'étais pas sûre... mais est-ce que ça changerai ma vie de savoir, hein ?

J'avais vu Diana réfléchir à ma proposition avant de la refusé. J'avais accepté son choix d'un hochement de tête. Je comprenais totalement. C'était bien la raison pour laquelle je lui avais demandé plus. C'était pas très sécurisant comme situation. Et puis j'aimais pas la douleur. Je ne doutais pas que le Premier Ordre devait être plutôt bon dans ce genre de domaine donc je n'étais pas sûre de tenir ne serait-ce que 10 minutes sans tout leur avouer. Comme je le lui disais un peu plus tard, c'était leur guerre, pas la mienne après tout... alors autant pour ma sécurité que celle de la Résistance, je comprenais son refus.

- Ou alors pense à appeler un collègue, c'est sans doute une meilleure idée que de m'y amener d'ailleurs, effectivement.

J'étais restée pensive et l'idée que Diana s'était inquiété pour mon sort en plus que celui de la Resistance m'avait fait sourire doucement. J'étais touchée. Diana, c'était un peu la grande soeur que j'avais pas eu... elle jouait ce rôle sans que je le lui demande ou que je le désire d'ailleurs... je savais même pas si elle le faisait consciemment. Peut-être pas... peut-être qu'elle avait pas conscience qu'elle donnait autant d'intérêt à une fille comme moi...Mais si sa douceur à mon égard trahissait ce sentiment, sa colère également. J'avais écarquillés les yeux en la voyant s'enflammer face à mon discours. J'avais gardé le silence en écoutant toutes ses questions rhétorique, me contentant de déglutir, de croiser les bras et de reagrder par moments ailleurs. J'aimais pas avoir cette foutue impression qu'elle me faisait la morale du type "faut pas mentir, faut pas voler, c'est pas bien ! Alors excuse-toi et fais un bisou à maman". Je voulais pas la blesser, je comprenais ce qu'elle voulait me dire mais ça me parasitait l'esprit. Une prise de conscience dont j'avais pas besoin. Le silence s'était installé après son dernier discours où elle semblait vraiment s'inquiéter pour moi. j'avais fini par soupirer et enchaîner :

- C'est pas que je trouve ça normal, c'est que c'est devenu normal... Et puis tu sais... la guerre aggrave les trucs mais elle est pas responsable de tout... y'aura toujours des gens qui se battront pour survivre une fois que la paix sera revenue.

Moi par exemple. Ben ouais et sans doute plus qu'avant. J'aurai beau pouvoir continuer ce métier, les contrats seront plus rares, plus espacés, moins cher car avec moins e risques et de d'objets rare à échanger. Fini le rationnement, le marché noir, ma vie sera plus compliqué. Mais j'étais un grain de sable dans le désert et j'avais peur qu'en disant cela, elle s'énerve un peu plus parce que je pensais pasà tous ces gens dont la vie s'améliorerai sans doute... J'avais repensé à ce qu'elle m'avait dit ensuite et je n'avais pas pu m'empêcher d'avoir un petit rire acide pendant un quart de seconde. Elle me demandait si ma vie me convenait comme si j'avais choisi une vocation... j'étais pas une héroïne moi, j'avais pas choisi une idéologie comme la Résistance ou le Premier Ordre, j'étais pas bonne au combat de Force comme les Jedi ou les Chevaliers de Ren... je faisais juste ça pour vivre, pour survivre... j'étais insignifiante en somme et ça m'allait très bien. De toute façon, y'avait personne pour vraiment se souvenir de toi après ta mort... Mais je lui en voulait pas de me poser cette question parce qu'elle, c'était une idéoogiste... et que je ne lui avais jamais raocnté mon histoire non plus.

- Tu sais... je fais pas ça parce que ça me plaît... je fais ça parce que ça me fait vivre et que... c'est la seule chose dans laquelle je suis douée.Bien sûr que je rêvais d'autre chose... mais mon père est mort alors j'ai du aider ma mère puis... elle est morte aussi alors... je me débrouille...

J'avais haussé les épaules avant d'ajouter d'un air affirmé en regardant la blonde dans les yeux :

- Mais je vais bien ! Vraiment ! Tu sais, c'est parce que je me pose pas toutes ces questions que ça va. Ma mère m'a dit à la mort de mon père qu'on devait faire ce pour quoi on était fait... sans se poser de questions. Parce que ça parasite l'esprit, ça nous fait du mal et ça nous empêche d'avancer et... je pense qu'elle a raison. Je fais ce que j'ai à faire, sans me demander si je ferai pas mieux de faire autre chose et pour le danger... je gère. Et quand je gère pas... y'a toujours quelqu'un au bon moment.

Je lui avais lancé un sourire malicieux en coin.

- C'est ma bonne étoile.

C’était fou comme toute cette conversation avait pris un tournant politique, même sans le vouloir. Et dire qu’on était juste parties d’une dispute parce qu’elle avait tenté de me sauver la vie. Y’avait des fois, je ferai mieux de fermer ma bouche, sérieusement. Je lui avais fait un geste vague de la main pour lui montrait que je l’excusais. Je ne pouvais pas lui en vouloir de toute façon, déjà parce que je lui devais une fière chandelle mais aussi parce que je l’aimais bien et que, bien que je n’adhérai pas à ce mode de vie, je comprenais la vie des engagés. Tous avaient bien sûr l’impression de se battre pour la cause la plus juste… était-ce donc vraiment si stupide de ne pas vouloir prendre parti ? Ma mère avait toujours considéré les convictions comme une perte de temps. A bien y réfléchir, je pouvais aussi ajouter qu’on était jamais à l’abri de se tromper. Voilà que je parlais avec Diana et que le Premier Ordre était un monstre tyrannique qui enlisait toutes les libertés au profit de son contrôle absolu menant à la misère, la pauvreté et la soumission. Mais je pouvais tout aussi bien parler avec un partisan du Premier Ordre dans quelques heures qui me dirait que son organisation était le seul rampars restant aux espèces avant la dépravation et la perdition de l’âme. Que ce n’était que dans l’ordre et la stricte égalité des soldats que le monde pouvait s’élever et que l’Empire était de loin la meilleure chose qui était arrivé jusqu’alors. Ou se situait la vérité dans tout cela ? Peut-être au milieu, là où reposais l’esprit logique et rationnel, loin de toutes les passions du cœur. Et ce milieu… ben c’était moi.

La citation sur sa mère avait raisonné en moi comme si on venait d’appliquer violemment deux cymbales sur mes oreilles. Après un court instant, j’avais fini par sourire, amusée par ce parallèle qui nous liait un peu plus. Sa mère avait l’air d’avoir impacté sa vie et sa façon de penser autant que la mienne. C’est juste qu’elles n’étaient pas spécialement d’accord sur le précepte de vie et leur débat raisonnait maintenant entre leurs filles comme deux voies venues d’outre-tombe. Pourquoi soudainement cette idée me fascinait ? Je n’en avais aucune idée. Parce que j’avais l’impression d’être à ma place en reproduisant l’histoire de ma mère ? Que j’avais l’impression de trouver enfin une île, un port ou me poser ? Une raison de vivre ? La suite de son discours cependant me fit brusquement retomber sur terre. Je l’avais écouté attentivement me parler de la mort de sa mère, avec une certaine retenue pudique et un respect pour la douleur qu’elle avait pu éprouver.
 
Je n’avais pas pleuré à la mort de Maman. Je n’avais même rien ressentie. Je n’avais que la constater comme si l’immense répétition générale qu’elle m’avait faite dès la mort de papa avait fini par donner lieu au lever de rideau. Un sage m’avait dit un jour sur un marché que le travail le plus important et nécessaire de parents était d’apprendre à leur enfant à vivre sans eux.  C’était ainsi qu’on jugeait d’être un « bon parent ». Sur ce point de vue (et pas celui-ci uniquement) ma mère avait été la meilleure des parents. Elle avait passé les dernières années de ma vie à apprendre à me débrouiller toute seule et son long dépérissement avait donné sa mort comme la suite logique. Papa en revanche, ça avait été une toute autre histoire… Diana n’avait pas connu le sien. Toute sa vie avait l’avait poussé à entendre le chant des mitraillettes à bord de son vaisseau. Moi, j’avais cru pouvoir une Jedi, mais je n’étais qu’une contrebandière.

-        Je comprends. Moi aussi j’ai beaucoup côtoyé la mort… et au bout d’un certain temps, on ne vit pu avec… elle nous passe juste à côté sans nous toucher.

J’avais dit cette phrase les yeux perdus dans le vague, d’une voix monotone et sans vie. On côtoyait toutes les deux la mort mais pas la même. C’était une partie puissante de la prétendue « Force », une déesse aux mille visages. Diana n’avait vu que des morts d’injustice, les massacres, les sacrifices héroïques et les pauvres petits qui mordaient la poussière, les dommages collatéraux de cette guerre qui rythmait sa vie, bien plus qu’elle ne voulait l’accepter semblait-il. De mon côté, j’avais  vus des morts de nécessité, ou des vies gâchées. Comme celle de mon père, première mort que j’avais vue de mes yeux et qui avait été aussi de ma main. J’avais vu ensuite ma mère, autre vie gâchée, par ma faute aussi, de toute évidence. Et puis tous ceux qui étaient tombés autour de moi lors de mes nombreux contrats au danger assuré. Oui, la mort faisait aussi partie de mon quotidien mais de manière bien moins noble.

J’avais eu un irrépressible frisson en entendant parler de la Force, lié à la volonté. Je m’étais massé le bras, mal à l’aise, tout en observant la blonde qui semblait perdue dans ses pensées. Je laissais alors le silence perdurer quelques secondes avant de tenter de m’enfuir de toute cette situation, qui m’oppressait, par l’arme que je connaissais le mieux : l’humour.

-        Boooon en tout cas j’avais l’impression qu’on y a réfléchi plus de 5 minutes et que ça nous fait surchauffer le cerveau si tu vois ce que je veux dire…

J’avais passé ma main devant ses yeux qui semblaient vide, histoire de la ramener sur terre auprès de moi. Un sourire mutin était apparu sur mes lèvres tandis que je posais une main sur ma hanche.

-        La Force, on peut pas vraiment dire que je connaisse et la volonté… pour l’instant elle me pousse pas à faire mieux de ma vie…

J’avais haussé les épaules avant de redevenir sérieuse quelques minutes. Elle m’avait mine de rien ouvert son cœur, s’était donné du mal et avait pris de son énergie pour m’expliquer son point de vue, je n’avais pas le droit de tout envoyer valser comme ça. Un peu hésitante, j’avais levé ma main en direction de son bras avant d’hésiter en le reculant, en le rabaissant un peu et finalement je prenais mon courage à deux mains pour poser ma main sur son bras avec douceur. J’avais pris une forte inspiration en fermant les yeux et j’avais expiré tout aussi fortement en les rouvrant.

-        Bon… je te PROMETS que je prendrai le temps de réfléchir à tout ça… A ma place dans tout ça, à ce que je veux faire de ma vie, à la Force même si tu veux ! Je te PROMETS que je prendrai le temps de me recentrer sur ce qui te semble important… et tu sais que quand je promets un truc, je tiens toujours mes promesses, pas vrai ?

Je lui avais lancé un faible sourire, encourageant, tandis que mes yeux bleus étaient toujours profondément ancrés dans les siens avec sérieux. Une fois ce moment de sérieux passé, j'avais râclé ma gorge avant de me reculer. J'avais observé mon vaisseau et en passant ma main dans mes cheveux à l'arrière de ma tête j'avais fini par lui dire :

- Bon... ben si tu penses t'en sortir, je vais peut-être te laisser. Ma marchandise est livrée et la journée est pas terminée alors...

J'avais fait quelques pas en arrière, en direction de mon vaisseau.

- De toute façon je ne doute pas qu'on aura l'occasion de se revoir et de philosopher une nouvelle fois sur nos conditions dans ce monde de guerre...

Je lui avais lancé un clin d'oeil avant d'ajouter à la cantonnade :

- Et peut-être même que tu seras sacrément surprise de mon changement tellement j'aurai réfléchi à ce que tu m'auras dit !

J'avais eu un petit rire complice avant de sauter à bord de mon bolide.

- A bientôt Diana... et merci.

J'avais remis les gazs et j'avais décoller en direction des confins de la Galaxie. J'ignorais encore, à cet instant précis, que mes paroles risquaient d'être véritablement prémonitoire... et un crève coeur pour toutes les deux.

FIN